Texte paru en ligne dans Nouvelles de l’APRUM (Association des professeurs retraités de l’Université de Montréal), mai-juin 2023.

Bernard Beugnot (1932-2023)

Né à Paris en 1932, Bernard Beugnot fait ses études à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm et à la Sorbonne, où il obtient son doctorat en 1969. Il est recruté à l’Université de Montréal en 1962 pour y enseigner la littérature française du XVIIe siècle. Sa leçon inaugurale du 17 février 1971 est publiée la même année par les Presses de l’Université de Montréal sous le titre L’entretien au XVIIe siècle.

Les travaux scientifiques de Bernard Beugnot ont influencé nombre de parcours; en témoignent les deux volumes d’hommages qui lui ont été offerts, le premier en 1999 (Inventaire, lecture, invention. Mélanges de critique et d’histoire littéraires offerts à Bernard Beugnot), le deuxième en 2013 (De la permanence. Études offertes à Bernard Beugnot pour son quatre-vingtième anniversaire). On lui doit notamment des publications fondamentales sur la retraite à l’âge classique, ainsi que sur la pratique épistolaire. Ses études sur Guez de Balzac et sur Boileau, par exemple, font toujours autorité. Il accordait une place centrale, dans ses activités d’enseignement, à l’histoire de la littérature; en 1982, avec son collègue José-Michel Moureaux, il signait un Manuel bibliographique des études littéraires. Les bases de l’histoire littéraire. Les voies nouvelles de l’analyse critique.

Mais cet érudit ne s’est pas contenté d’explorer les richesses littéraires du Grand siècle. En littérature française du XXe siècle, il a été l’éditeur, dans la prestigieuse «Bibliothèque de la Pléiade» (Gallimard), de Francis Ponge et de Jean Anouilh. En littérature québécoise, il a édité Hubert Aquin. La réflexion sur l’édition savante et sur la génétique des textes est une des constantes de sa carrière.

Les recherches de Bernard Beugnot lui ont valu plusieurs prix et distinctions : prix Halphen pour son livre Jean-Louis Guez de Balzac. Bibliographie générale (1974), nomination à l’Ordre national du mérite (1976), élection à la Société royale du Canada (1988), réception dans l’Ordre des Palmes académiques (1988), bourse Killam (Conseil des arts du Canada, 1991), médaille Pierre-Chauveau (Société royale du Canada, 1993), prix André-Laurendeau (Acfas, 2000), nomination à l’Ordre national du Québec (2003), Médaille du jubilé de diamant (2013).

Il a dirigé le Département d’études françaises de 1965 à 1969, puis de 1985 à 1991. Au moment de sa mort, il était professeur émérite de notre université. Il était encore actif intellectuellement, comme le montre un texte autobiographique publié à l’automne 2022, «À l’écoute du singulier : paysages littéraires, paysages intérieurs».

Benoît Melançon
Département des littératures de langue française
benoit.melancon@umontreal.ca

• Prix André-Laurendeau, Association francophone pour le savoir (Acfas), 2000.
• Bourse Killam, Conseil des arts du Canada, 1991.
• Ordre national du Québec, Gouvernement du Québec, 2003.
• Société royale du Canada : Les Académies des arts, des lettres et des sciences du Canada, Société royale du Canada, 1988.
• Médaille Pierre Chauveau, Société royale du Canada, 1993.

Bernard Beugnot a étudié les aspects les plus divers du XVII e siècle français. Il a non seulement travaillé tout au long de sa vie sur le thème de la retraite, mais ses études sur Guez de Balzac et Boileau font autorité. Parmi les auteurs du XX e siècle, il s'est attaché à l'œuvre d'Anouilh et de Francis Ponge. Spécialiste de l'édition critique, après avoir dirigé celle des œuvres d'Hubert Aquin, il a publié les œuvres complètes de Ponge dans la Bibliothèque de la Pléiade. Il a reçu plusieurs bourses et subventions de recherche, dont la prestigieuse bourse Killam, et une importante subvention pour l'édition des œuvres d'Hubert Aquin.

Son œuvre monumentale ne compte pas moins d'une vingtaine d'ouvrages et près de 150 articles publiés dans des actes, des dictionnaires, des mélanges et des périodiques tels que Australian Journal of French Studies (Melbourne), Études françaises (Montréal), Cahiers d'histoire des littératures romanes (Heidelberg), Études littéraires (Québec), Genesis (Paris), Œuvres et critiques (Tübingen), Revue des sciences humaines (Lille), Rivista di letterature moderne e comparate (Rome), Romanic Review (New York), Zeitschrift für französische Sprache und Literatur (Stuttgart). Ces ouvrages lui ont valu d'être accueilli par des universités de renom aussi bien en Europe qu'au Proche-Orient, que ce soit à titre de professeur ou d'invité d'honneur. Il a participé à 75 colloques, la plupart internationaux, et vu à la tenue de six colloques internationaux en France et au Québec.

Les mérites de Bernard Beugnot lui ont valu plusieurs distinctions, dont le Prix des sciences humaines de l'Association canadienne-française pour l'avancement des sciences. Il est membre de la Société royale du Canada, dont il a reçu la médaille Pierre-Chauveau, chevalier de l'Ordre national du mérite, chevalier des Palmes académiques et professeur émérite de l'Université de Montréal. Ses collègues ont publié un recueil d'essais en son honneur.

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